vendredi 28 avril 2017

Chronique de Livre sa vie pour "A la recherche de la Bonté"


Merci Pando pour cette jolie chronique :)

 Au fur et mesure que je lisais, j’ai découvert une autre manière de revivre ce qui allait se passer, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cette réécriture, c’est en plus un de mes contes préférés, une certaine appréhension m’avait gagné dans la lecture des premiers chapitres mais celle-ci s’est vite estompé. C’est à la fois rafraichissant et amusant de retrouver ce personnage présenté de façon différente. Certains passages sont très émouvants, je n’ai pas été loin de verser une larme, surement le côté sadique de l’auteure ! 

http://www.livresavie.com/a-la-recherche-de-la-bonte-de-lyly-ford/

lundi 10 avril 2017

Réécriture Royaume De Feanolis : Chapitre 1 - Tome 1 La cité d'Apsonia


Chapitre 1
            L’interminable journée d’école s’acheva dans un soupir général. Les deux amies quittèrent rapidement le bâtiment. Anna avait dans la tête une nouvelle lubie : manger une glace.
La perspective d’aller dans un lieu public était toujours une épreuve pour Ilyana, pourtant, elle ne pouvait rien refuser à Anna. Est-ce que tout le monde avait eu la même idée que sa meilleure amie ? Sans doute, oui.
           Une foule d’adolescents faisait déjà la queue chez le glacier, se prêtant à leur jeu favori : le choix des parfums.
—Anna, tu ne crois pas que…
Ilyana se tut lorsqu’elle remarqua déjà sa camarade dans la file d’attente. Elle soupira.
—Va réserver une table, s’exclama Anna.
Elle accepta volontiers. Les regards perçants de ses congénères lui donnaient des frissons. Son angoisse prit le dessus un bref instant puis les murmures et rires gras l’agacèrent et elle sentit ses yeux se réchauffer, prenant la couleur d’un brasier. Elle les dévisagea à tour de rôle, les imaginant prendre feu. Un sourire sardonique naquit sur ses lèvres.
—Ily !
La jeune fille sursauta et prit conscience de ses sombres pensées. Elle déglutit et fit demi-tour, cherchant une table à l’extérieur. Malheureusement, aucune n’était libre alors elle se cala derrière le bâtiment de brique et attendit qu’Anna sorte. Un groupe s’esclaffa non loin d’elle et elle s’empressa de mettre en marche son lecteur Mp3, ses écouteurs bien enfoncés dans les oreilles.
            Une dizaine de minutes plus tard, sa meilleure amie quittait la boutique et elle la rejoignit après avoir rangé son appareil.
—Mais tu étais où ?
Devant le peu d’éloquence d’Ilyana, Anna préféra lui donner son cornet, assorti de ses parfums préférés : menthe et chocolat. La jeune fille lui adressa un large sourire et Anna glissa sa main dans la sienne lui proposant d’aller au parc.
—Goudou, s’écria un garçon roux.
—T’es jaloux car j’ai « pécho » et pas toi, se moqua Anna.
Les amis du garçon pouffèrent et les deux filles en profitèrent pour partir.
—Tu as vu Emilie, elle doit encore être derrière tout ça.
Ilyana hocha la tête. Oui, Emilie était la pire des vipères du lycée, cela ne serait pas étonnant qu’elle soit l’instigatrice des continuelles brimades subies par Ilyana. Les deux camarades arrivèrent rapidement au parc. Celui-ci était déjà rempli de rires d’enfants, d’aboiements et Ilyana retrouva sa sérénité. C’était un vieux parc, les bancs avaient perdu de leur couleur, les buissons n’étaient pas toujours entretenus, pourtant Ilyana adorait ce lieu. Bien qu’elle ne retire jamais ses lunettes, elle baissait en revanche volontiers sa capuche, laissant ses cheveux d’ébène virevolter au gré du vent. Anna s’installa sur un banc et en profita pour observer Ilyana. Elle rayonnait littéralement dans la lumière du soleil. C’était une beauté sauvage, tout cela émanait uniquement d’elle. Anna remerciait chaque jour le ciel de lui avoir accordé l’amitié d’Ilyana. Elle était un être à part, un ange descendu sur Terre qu’elle s’était donné pour but de protéger, de guider afin de lui retirer ses chaînes. Elle se rappela son enfance, sa rencontre avec Ilyana. Elle pleurait car une fillette lui avait lancé du sable dans les yeux. Elle l’avait alors vu, ce petit papillon blessé, mais si beau et d’un geste, elle avait imposé sa place à ses côtés, poussant la vilaine gamine pour aider celle qui deviendrait son amie.
Elle avait croisé ses yeux magnifiques et sa vie avait basculé. Son univers avait un seul nom : Ilyana. Anna était tombée amoureuse dès la minute où ses iris dorés s’étaient posés sur elle. A ce moment précis, Ilyana était devenue son âme sœur. Anna avait une attirance pour les garçons, elle craquait même souvent sur les acteurs de séries. Elle voulait se marier et fonder une famille, comme Madame tout le monde. Pourtant, si elle devait choisir entre cette vie et Ilyana, elle choisirait son amie. Ilyana l’avait envoûtée. Sorcière ou non, peu importe ! Son destin était lié au sien.

            Ce fut lorsque le soleil disparut dans le ciel que les amies arrivèrent dans la rue adjacente à celle d’Ilyana. La bonne humeur contagieuse d’Anna avait permis à la jeune fille de retirer ses lunettes et sa capuche. Elles se séparèrent sur le perron. Granny l’accueillit avec un froncement de sourcil.
—Ilyana, tu as un portable pour l’amour de Dieu !
Elle s’excusa et la vieille femme se calma, l’invitant à se restaurer.

—Tu as passé une bonne journée ?
Ilyana posa sa fourchette et grimaça en opinant du chef.
—Des problèmes ?
Elle observa sa grand-mère et sentit une boule se former dans sa gorge. Elle n’osait jamais lui parler de tout ce qu’elle vivait au quotidien et préféra formuler un mensonge éhonté.
—Un contrôle raté.
La femme ne la lâcha pas des yeux et Ilyana feignit soudain un intérêt profond pour son blanc de poulet.
—Ilyana, ma chérie, tu sais que…
—Ça va. Granny, je sais que je suis différente… Et que tu t’inquiètes pour moi, mais je t’assure, tout va bien.
Elle inclina la tête, en souriant.
—Tu me rappelles ta mère. Elle était si brave, si…
—Parle-moi de mes parents, Granny, quémanda l’adolescente, les yeux brillants.
La vieille dame grimaça.
—Ta mère était…
—Non, pas maman. Tu m’en parles si souvent, je sais que c’était ta fille. Mais, mon père, comment était-il ?
L’attitude de sa grand-mère changea subitement et elle rétorqua en se levant pour ranger le plat :
—Il était… Oh Ilyana, on peut en parler demain ?
—Mais…
—Je suis fatiguée, s’il-te-plaît, mon enfant, ajouta-t-elle en posant le dessert sur la table.
—Tu ne l’aimais pas, n’est-ce pas ?
Granny soupira mais secoua la tête.
—Il avait ses défauts, ses convictions… Mais tu étais tout pour lui.
Ilyana cligna des yeux, surprise et Granny en profita pour lui demander son assiette.
—J’ai fait une île flottante, dit-elle, souriante.
La conversation s’arrêta avec le dessert. Ilyana aida sa grand-mère à débarrasser puis monta dans sa chambre faire ses devoirs.
La jeune fille soupira en s’allongeant sur son lit. Elle détestait vraiment les mathématiques. Elle resta à fixer son plafond un instant puis se remit à ses études. Les cours l’ennuyaient, elle était brillante et faisait tout pour avoir de bons résultats car grâce à cela, elle avait pour objectif de demander une bourse à l’étranger. Ilyana voulait quitter le pays, partir loin dans un endroit où personne ne la jugerait pour sa différence.
Il devait bien y avoir un lieu comme cela, où elle serait enfin libre…
Une larme quitta sa joue et elle l’essuya. L’inconnu la terrifiait, mais elle n’imaginait pas finir ses jours ici. Ses yeux prirent la couleur du cristal, brillant d’une intensité folle.
—Y a-t-il vraiment une place pour moi dans ce monde ?
Elle en doutait et parfois, elle enviait les aveugles, ne plus les voir, ne plus ressentir leur haine, leur dégoût à chaque coup d’œil… Bientôt seize ans et elle était déjà épuisée de la vie, de cette vie. D’un geste, elle pourrait se séparer de son problème, mais elle était incapable de se mutiler et puis, à quoi bon ? Le mal était déjà fait et cela ne ferait qu’empirer si elle commettait l’irréparable…
Ilyana ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder dans les limbes…
Allait-elle revoir la lumière ? Ses rêves étaient si vivaces depuis six mois. Enfant, elle se souvenait de cette lueur, mais alors une personne l’en écartait. Etait-ce sa mère ? Sans doute. Elle n’avait jamais vu son visage. Il n’y avait aucune photo d’elle dans la maison. Granny devait sans doute trouver cela plus simple pour faire son deuil. Elle lui en voulait un peu de la priver de l’image de sa mère. Elle lui disait souvent qu’elle lui ressemblait. Ilyana connaissait juste son prénom : Samiya.
Avait-elle le même handicap ? Non, impossible, sa mère était quelqu’un de normal, c’était certain.

Je sens la pluie sur mon visage alors que mes yeux s’ouvrent lentement. Je fixe l’horizon, souriante. Je suis de retour dans cette forêt. Je ris puis danse sous le manteau d’eau, ma robe me colle à la peau. Je n’en n’ai cure. Les gouttes tombent sur moi, je perçois juste le clapotis de mes pieds nus sur l’herbe mouillée. Je me sens libérée, rassérénée. La pluie disparaît soudain, le soleil monte au zénith et une voix murmure mon prénom :
—Ilyana.
Je fais volte-face et la remarque au lointain, la lueur, MA lueur.
—J’arrive ! Ouvre-moi ton monde, je t’en prie, supplié-je, en faisant un pas.
Je suis obligée de fermer mes paupières tant la clarté est intense et j’avance à l’aveugle. La voix crée une douce mélopée à mes oreilles et malgré l’obscurité qui m’engloutit, je distingue clairement le chemin.
 —On se connaît, toi et moi, pas vrai ?
L’éclat m’enveloppe de ses rayons et mon corps frissonnant se réchauffe. Mon cœur bat la chamade, je tente d’ouvrir les yeux mais renonce rapidement. J’avance plus vite, avec précipitation. Cependant, mes pieds se font lourds et j’ai du mal à continuer. J’ai beau lutter, ils sont rivés au sol, s’enfonçant progressivement dans la terre.
—Ilyana…
Le vent s’abat sur moi, me frappe au visage. La plaie refait son apparition. Le souffle me glace, je suis gelée. Mon corps perd toute vivacité et je glisse à genoux, incapable du moindre mouvement. Je fixe la lumière devant moi. Son intensité s’est réduite de moitié.
—Pitié, laissez-moi tranquille !
Une nouvelle bourrasque me gifle et le sang se répand sur ma joue. Mes prunelles ne lâchent plus la lueur. Impuissante, je sens mes iris devenir plus sombres et mon corps s’emplit à nouveau d’une douce chaleur. Mes membres se libèrent. Je rampe dans la boue, la rage au cœur. L’arbre devant moi tangue et j’ai à peine le temps de voir la branche qui s’abat sur ma tête. L’obscurité m’envahit.

Ilyana ouvrit les yeux et observa son lit au-dessus d’elle. Elle était tombée du matelas, sur le sol. Elle se massa le crâne et fronça les sourcils. Sa main rencontra des mèches mouillées… La jeune fille se releva d’un bond et fila vers la salle de bain. Son regard accrocha le reflet dans le miroir. Sa joue saignait un peu, ses cheveux étaient trempés. Ses iris prirent une teinte dorée alors qu’elle passait inlassablement les doigts dans ses boucles brunes… La forêt, la lueur, tout cela était réel !
Le tonnerre retentit. Ilyana quitta la pièce pour aller à la fenêtre. Il pleuvait.
—Impossible, j’étais dans ma chambre, s’exclama-t-elle, choquée.
Elle courut à nouveau vers le miroir.
—S’il-te-plaît, dis-moi que je n’ai pas rêvé !

Ilyana se sentit soudain comme hypnotisée par ses yeux dorés et son corps se figea lorsqu’elle entendit un chuchotement semblant provenir de la glace. Elle tendit le bras et lorsque ses doigts touchèrent son reflet, le miroir se brisa en deux. Elle sursauta et fit un pas en arrière. Une jeune fille identique, vêtue d’une robe blanche, mais aux yeux couleur d’encre lui faisait à présent face. Elle lui adressa un sourire et posa un doigt contre ses lèvres avant de s’évaporer. Le miroir était de nouveau intact et Ilyana reconnut son débardeur et son jean. Elle déglutit, secoua la tête et retourna dans son lit. Elle devait être si fatiguée que son esprit lui jouait des tours.